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le miroir aux vanités

 

 
angélus
 
 
 

Il était doux le temps où nous parlâmes

Un temps lointain où nous étions intimes

Dans un lycée d'banlieue un lieu sans âme

Nous étions 2 ados qu'un rien déprime

 

  Et puis la vie nous déroula sa trame

Ses surprises ses circonvolutions

Ses détours ses chemins – idéogrammes

Mystérieux sans autre explication

 

  Et quels furent les sujets dont vous parlâtes ?

Je ne m'en souviens pas exactement

Quelque brouille familiale que l'on relate

Vos disques favoris, ceux du moment

 

Vous me quittiez déjà dans vos discours

Et je n'avais que vous pour confident

Je n'eus plus d'intérêt aux salles de cours

Je me perdais tout le reste du temps

 

Le monde m'apparut sauvage et vain

J'abandonnais les voies toutes tracées

Pour de sombres couloirs et des ravins

Dont je sors après 20 longues années

 

Dans le vacarme des arbres en fleur

Un pugilat de tiges et de feuilles

Le brouhaha d'insectes butineurs

L'assourdissant babil des écureuils
 

Mes mains savent le métier de maçon

Celui de jardinier d'électricien*

Elles ont appris l'art de la construction

Sans qu'on ne leur enseignât jamais rien

 

  Mon corps a pris la mesure du dicton

« Qui veut durer ménage sa monture »

Il encaisse les coups, subit les affronts

Rien d'autre que ce que tout homme endure

 

  Maintes caresses vaines ou bien salutaires

D'étreintes autant que de longues attentes

Mon esprit rêveur aussi eut affaire

A celui, retord, d'hydres ricanantes

 

  L'élan de vie est toujours palpitant

Des amis tombent sur le champ de bataille

Frappés par des jets de métal hurlant

Cloués sur des épines de ferraille

 

  Dans ce décor morbide et dévasté

Marchent, hagards, les derniers rescapés

Ils se connaissent mais ne se parlent plus

Car la vision est trop dure.

      Angélus.

 

  *je n'ai pas la qualification de maçon, ni jardinier, ni électricien mais des bases qui me permettent de me débrouiller